Je me souviens de cette année-là que j’ai passée à me cacher… Une année, juste une année… Mais, en Enfer, les minutes durent des heures, et les heures des jours interminables.
Je n’en pouvais plus des incessants conseils et des nombreux rappels à l’ordre qui m’assaillaient comme si je vivais dans un monde privé de miroirs, et qu’il revenait à tous de me faire un rapport détaillé de mes drastiques changements physiques.
« Mais qu’est-ce qui t’est arrivé? Est-ce vraiment toi? »… « Je savais que tu grossirais comme tout le monde! »… « Mais comment tu as pu te laisser aller à ce point-là ? »… « Tu manges sûrement trop, il faut corriger ça! »… Et autres motivations et phrases encourageantes du genre…
Voilà les bontés dont on m’abreuvait et les mots compatissants qu’on me crachait au visage au nom de la serviabilité, de l’entraide, à chaque pas hors de chez moi. Certains zélés me les apportaient même dans ma coquille !
À toutes ces personnes aimables et attentionnées qui n’avaient aucune idée de la douleur qu’infligeaient leurs mots à une malheureuse qui se battait désespérément mais inefficacement contre un phénomène qui la dépassait, contre un déraillement qui l’anéantissait …
À ces amis dévoués qui me donnaient envie de me foutre une balle dans le crâne, ceux qui, du jour au lendemain, ont perdu toute estime et respect pour mon jugement et mes capacités intellectuelles en se basant sur l’image de négligence, d’indigence que semblait leur envoyer mon apparence…
Pardonnez-moi de vous remercier un peu tard : Soyez bénis pour avoir réveillé mon instinct de guerrière. Le cheminement vers le pardon ne m’a coûté rien de moins que deux belles années de ma vie mais j’y suis enfin. Puissiez-vous ne jamais souffrir la torture d’un corps maltraité qui se rebelle avec acharnement !
À ces âmes encore plus merveilleuses qui, aujourd’hui, se complaisent à dire, pour minimiser ma victoire : « Ce n’est pas vraiment elle, on ne l’a jamais vue aussi grosse »… À ces curieuses créatures, savants mélanges d’incrédulité, de méchanceté et de médisance, piètres ambassadeurs de leur propre race,
Je me garde de répondre, par souci de décence… Et par peur de me perdre dans un univers bien différent du mien : Je ne maîtrise ni leur langage ni leur mécanisme de pensée. Je ne m’enfoncerai pas dans les profondeurs de leur mal-être pour tenter de leur expliquer le mot humanité. Je choisis mes batailles, j’évite les causes perdues d’avance.
Et finalement à tous ceux qui, comme moi encore, mènent ce combat de tous les instants contre leur propre corps, cet allié devenu ennemi, à ceux-là je crie de toutes mes forces :
« Vous êtes en guerre. Et la guerre se gagne debout! Pas dans un canapé ! Pas devant la télé !
Vous êtes des guerriers et des guerrières… Armez-vous de vos meilleures panoplies, revêtez-vous de courage, de discipline, de détermination et de persévérance… Il s’agit de défendre votre vie, ce don précieux que nul ne peut acheter.
La force est en nous, et elle est intarissable… Supportons-nous avec la même énergie que nous dépensons habituellement à nous critiquer mutuellement! Si j’ai pu y arriver, vous le pouvez aussi. Mettons-nous debout, visualisons la victoire.
Combattons nos instincts d’autodestruction, nos habitudes malsaines d’auto-indulgence. Nous sommes plus forts qu’une assiette de frites, plus puissants que toutes les pizzas du monde réunies. Nous gagnerons cette guerre, un combat à la fois.
Merci de m’avoir fait l’honneur de lire jusqu’au bout ces mots qui ne tenaient plus en moi. Je devais enfin crier ma joie, célébrer cette victoire que je continue à protéger au quotidien contre les aléas de la vie qui menacent parfois la citadelle.
Mon cri de guerre : Yes I can ! Mon cri de victoire : Yes I did ! Mon nom de guerrière : Xena. Quels seront les vôtres? Il vous revient à vous, et à vous seul, de les choisir,
de les assumer jusqu’à la victoire. Je vous souhaite motivation et courage. En avant!